Deux parcours EFAP, une même cause : faire entendre la voix des femmes

Pouvez-vous nous raconter votre parcours après l’EFAP ?

Claire : Lors de ma dernière année de MBA en Communication in Fashion Industries, j’ai lancé ma marque de vêtements Claire Geronimi Paris (voir l’interview réalisée à l’EFAP). J’ai ensuite poursuivi mes études avec un MSc à X-HEC Entrepreneurs, avant de rejoindre Hermès en tant que Business Analyst. J’ai par la suite intégré un cabinet de conseil en finance. Cependant, en novembre 2023, j’ai été victime d’une agression. Cet événement a profondément bouleversé mon parcours et m’a amenée à créer l’association Éclats de Femme, afin de venir en aide aux femmes victimes de violences sexuelles, de briser le silence et de construire un espace d’écoute, de soutien et d’action.

Lucie : À la fin de mes études j'ai eu la chance de trouver tout de suite un premier poste. J'avais la charge du protocole et des relations publiques du carré VIP du Président du Paris Saint-Germain, Nasser Al-Khelaïfi. J'ai occupé ces fonctions pendant 2 ans avant d'intégrer la Maison Louis Vuitton. J'ai d'abord accompagné et organisé les déplacements du PDG et de sa famille lors des évènements internationaux puis j'ai intégré le pôle hospitalité qui gère le partenariat avec la Formule 1. Aujourd'hui je m'investis totalement aux côtés de Claire pour l'association.

Qu’avez-vous le plus apprécié lors de vos études à l’EFAP ?

Claire : Ce qui m’a le plus marqué, c’est la qualité des cours, mais aussi la diversité et la richesse de l’enseignement. Tous les intervenants étant des professionnels de la communication, cela apporte une réelle valeur ajoutée et une vision concrète du métier.

Lucie : Les périodes de stages prévues chaque année m'ont permis de comprendre dans quel domaine je souhaitais ensuite évoluer (ou pas).

Quels conseils aviez-vous reçus durant votre formation en communication à l’EFAP et lequel prodigueriez-vous aux étudiants d’aujourd’hui ?

Claire : Être curieuse et s’intéresser à tout : c’est vraiment ce qui m’a permis d’ouvrir mon esprit et, dans mon parcours professionnel, de mieux comprendre chaque interlocuteur avec qui j’ai pu échanger.
Le conseil que je souhaite transmettre aux étudiants, c’est justement d’oser toucher à tout, de se faire confiance, et de profiter de la richesse de l’EFAP, qui offre la chance de ne pas être enfermé dans une seule voie.

Lucie : On parle beaucoup de réseau et l'EFAP m'a inculqué cette notion essentielle. L'important est de bien s'entourer. Le réseau joue un rôle majeur dans une carrière mais j'ajouterai que les relations qu'on découvre et qu'on créé par affinité permettent de grandir. Vous rencontrerez un jour la personne qui vous donnera les bons conseils au bon moment, puis celle qui vous donnera envie de tout changer dans votre vie pro... Cette ressource est une chance. Ne calculez/contrôlez pas trop vos relations. Les plus belles sont celles auxquelles on ne s'attend pas et qu'on ne prévoit pas.

Une anecdote / votre plus beau souvenir à l’EFAP ?

Claire : Je partage le même souvenir que Lucie. Dans les deux entreprises que j’ai créées, j’ai toujours eu à mes côtés quelqu’un rencontré à l’EFAP. Des personnes animées par de vraies valeurs, et une motivation commune : accomplir de grandes choses.

Lucie : La première personne à côté de qui je me suis assise à l'EFAP est Claire. Aujourd'hui j'ai quitté mon travail dans la plus grande maison de luxe au monde pour une cause que je juge juste. Je souhaite continuer à faire grandir Éclats de femme avec elle.

Pouvez-vous nous présenter votre association Éclats de femme ? Quelle est sa mission ?

Éclats de Femme est une association dédiée à l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles. Elle est née à la suite de l’histoire personnelle de Claire, sa fondatrice, elle-même survivante d’un viol survenu fin 2023. Confrontée au vide et à la solitude de "l’après", Claire a ressenti le besoin urgent de créer une structure capable de rompre l’isolement des victimes, de les écouter, de les soutenir, et de les guider juridiquement et psychologiquement tout au long de leur parcours – dès l’agression, jusqu’au procès.

L’association repose sur trois piliers fondamentaux :

• Le premier Éclat – La prévention : le podcast

Un espace de parole pour des femmes aux parcours marquants et inspirants. Deux fois par mois, des invitées telles que des femmes politiques, journalistes, psychologues, avocates ou survivantes viennent partager leurs expériences, leurs émotions et leur vision du féminin, afin d’ouvrir la réflexion sur la place des femmes dans la société.

• Le deuxième Éclat – L’accompagnement des victimes

Notre équipe de bénévoles, avocats et psychologues accompagne les victimes de violences sexuelles dans toutes leurs démarches, du dépôt de plainte jusqu’au procès. Malheureusement, plus d’une victime sur trois interrompt ses études ou connaît un burn-out à la suite d’une agression. Notre mission est de leur offrir un accompagnement humain, juridique et psychologique sur mesure.

• Le troisième Éclat – L’action : self-défense et conférences

Nous sommes la seule association à proposer des cours de self-défense encadrés par des professionnels, dont des membres des forces de l’ordre spécialisés en protection rapprochée. Ces cours visent à transmettre des gestes simples et efficaces à adopter en cas d’agression, via des mises en situation concrètes.

Nous organisons également des conférences animées par des officiers de police judiciaire (OPJ), avocats et psychologues, auxquelles Claire apporte son témoignage personnel. Ces temps d’échange permettent de mieux comprendre le parcours des victimes, les impacts profonds sur leur vie, et de sensibiliser à ces réalités souvent méconnues.

Nous avons aidé plus de 100 victimes depuis la création de l’association et nous réalisons de nombreuses conférences dans les écoles et les entreprises. Notre but est de lever le tabou sur ces sujets encore trop présent. 
 

Quels sont, selon vous, les principaux enjeux de communication auxquels une jeune association comme la vôtre doit faire face aujourd’hui ?

Les enjeux de communication pour une jeune association comme Éclats de Femme sont multiples, mais tous convergent vers une priorité : accompagner le plus grand nombre de victimes, et pour cela, faire connaître notre action et trouver les financements qui la rendent possible.

Nous traitons d’un sujet sensible, encore entouré de nombreux tabous et idées reçues. Il ne s’agit pas seulement de parler de violences sexuelles, mais de faire évoluer les représentations : une agression ne se limite pas à un viol, ne touche pas que les femmes, et ses conséquences sont souvent durables et profondes – psychologiquement, socialement, professionnellement. Une victime sur trois subit un burn-out après une agression.

Notre communication vise donc à éduquer, sensibiliser et mobiliser, avec une approche jeune, bienveillante et professionnelle. Cela passe par :

• Une présence médiatique cohérente et de qualité, car faire entendre notre voix dans les médias est essentiel pour briser le silence autour de ces violences et toucher un public plus large ;
• Une communication digitale forte, notamment via les réseaux sociaux, où nous construisons une communauté engagée et solidaire ;
• Le bouche-à-oreille, qui joue un rôle clé, notamment grâce à nos bénévoles, souvent les premiers relais de notre message sur le terrain.

Nous croyons profondément à la force du collectif, et c’est pourquoi nous serions ravies d’accueillir des étudiants ou anciens élèves de l’EFAP qui souhaitent s’impliquer à nos côtés, que ce soit pour nous aider à structurer notre communication, participer à nos actions, ou simplement relayer notre message.

En résumé, notre plus grand défi, c’est de réussir à conjuguer visibilité, crédibilité et impact, pour pouvoir continuer à aider concrètement les victimes, jour après jour.